25.11.13

Pourquoi je ne pouvais pas me battre (1)

de L. A. Kniss



Avant-propos

Mon livret précédent, intitulé Je ne pouvais pas me battre, n'est qu'un récit de quelques actions et réactions provenant de convictions profondes engendrées en moi par une foi de première main. Cette foi venait de ma compréhension de la Parole de Dieu, sous la conduite du Saint-Esprit.

Je sens que je le dois bien aux lecteurs de ce livret-là de leur expliquer plus clairement la foi et les convictions derrière ces actions et ces réactions, car je voudrais qu'ils éprouvent les mêmes satisfactions spirituelles et la même sécurité que j'éprouve moi grâce à ce que Dieu a fait et fait toujours pour moi. Voici donc ma première raison pour cet écrit.

Mais je me trouve aussi profondément consterné de constater le changement dans l'attitude générale de nombreuses personnes vis-à-vis de la doctrine de la non-résistance. La non-résistance est une discipline du Nouveau Testament pour les croyants ; elle est nécessaire à une vie chrétienne complète. Pour autant je n'ai jamais trouvé qu'il nous faille l'enseigner à la société en général dans un effort pour réformer cette société, nous considérant ainsi comme les faiseurs de la paix dans le monde. Pourtant, ceci semble être la tendance parmi nombre de nos f'rères et soeurs aujourd'hui. Je ne crois pas que la non-résistance soit quelque chose que nous devions utiliser pour rapiécer notre société cabossée, mais qu'elle est censée embellir et purifier les chrétiens et leur témoignage pour le salut des âmes. C'est là une autre raison pour laquelle j'écris le présent livret.

Certains n'aiment pas le terme « non-résistance ». C'est vrai que l'expression « vivre pacifiquement » serait peut-être plus positive, mais le terme « pacifisme » en tous cas porte une connotation indésirable. On peut dire aussi « non-violence ». La non-résistance comprend des phases telles « ne pas mener en justice » et « le deuxième mille ». La « non-violence » n'impliquerait que des actes tels que le meurtre, la mutilation et le combat—les choses qui détruisent ou qui blessent par grande force ou passion démente. Aussi, la non-violence, qui est un terme relativement récent, est-elle étroitement liée à la non-coopération et à la désobéissance civile, qui bien souvent provoquent la violence. Il nous semble donc que nous ferions bien de garder le terme « non-résistance », car il couvre bien toutes les phases bibliques du sujet.

Il se trouve parmi beaucoup de gens trop de sentiment anti-gouvernemental ou anti-américain. Il est vrai que l'Eglise et l'Etat sont des entités distinctes. Mais cela n'empêche pas que, sans toutefois fermer les yeux sur des choses qui sont mal dans notre pays ou chez nos dirigeants, nous pouvons quand même les honorer et les respecter comme le Christ nous l'a enseigné. Nous respectons les dirigeants en tant que dirigeants. Ce n'est pas notre rôle que de juger ou de classifier les fonctionnaires en n'honorant que ceux que nous trouvons bons. Certains d'entre nous penchent trop aisément à la critique.

Ce n'est pas notre rôle en tant que chrétiens d'insister, ou même de suggérer, que les fonctionnaires de l'Etat devraient agir selon des principes chrétiens.

Dans cet écrit, j'ai laissé à la Bible le soin d'être son propre interprète, en comptant sur le Saint-Esprit pour qu'il illumine la Parole. C'est elle, ainsi que mes propre réflexions sur la pensée confuse chez notre peuple à ce sujet, qui m'a donné les convicitions que j'exprime.

Ma prière en présentant ce bref traité est qu'il puisse aider quelques-unes de nos propres jeunes gens à connaître les raisons de leur foi, et aussi qu'il puisse aider la jeunesse de diverses autres dénominations qui cherchent la lumière au sujet de la non-résistance.

L. A. Kniss




Table des matières

Avant-propos
Introduction
Chapitre I - Le sujet
Chapitre II - Mon arrière-plan
Chapitre III - La situation présente
Chapitre IV - Des raisons bibliques à la non-résistance
Chapitre V - Quelques raisons supplémentaires
Chapitre VI - Implications
Chapitre VII - Questions liées




Introduction

« Pourquoi je ne pouvais pas me battre » est bien plus qu'un titre accrocheur. Il implique un débat qui mérite des réponses logiques tirées de la Bible. Lloy A. Kniss, un homme d'expériences larges et variées en tant que professeur, missionnaire à l'étranger, pasteur et évêque, a réussi à présenter ces réponses, d'une façon hautement intéressante et efficace.

Ayant travaillé environ vingt ans avec l'auteur, comme pasteur sous sa surveillance, je puis affirmer l'voir trouvé véritable « faiseur de paix » avec une rare connaissance pratique de la Bible. C'est à bon escient qu'il met en garde contre la participation dans des formes variées du pacifisme mondain populaire, dont aucune ne s'aligne sur le Christianisme du Nouveau Testament. C'est avec beaucoup d'à propos qu'il insiste sur la différence entre les règles édictées par Dieu à l'intention de son peuple au moment de l'alliance de l'Ancien Testament et celles qu'il dispose pour l'Eglise chrétienne telle qu'on les trouve dans le Nouveau Testament. L'accent sur une mise en pratique quotidienne de la paix et de la non-résistance par tous les chrétiens est d'une grande importance. Cela s'accorde entièrement avec les instructions de Dieu pour la vie et la conduite de l'Eglise chrétienne telles qu'elles sont révélées dans le Nouveau Testament.

Ma sincère prière est que beaucoup lisent ce livre dans un esprit de prière et viennent à une compréhension et une pratique plus bibliques d'une phase très importante de la vie chrétienne dans cet âge de l'Eglise du Nouveau Testament.

R. Shenk

25.10.13

La Vérité

J’ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaîté ;
J’ai perdu jusqu’à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j’ai connu la Vérité,
J’ai cru que c’était une amie ;
Quand je l’ai comprise et sentie,
J’en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d’elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu’on lui réponde.
— Le seul bien qui me reste au monde
Est d’avoir quelquefois pleuré.

-- Alfred de Musset, à Bury, le 14 juin 1840

5.4.13

Prenez garde

 
Vous êtes à la campagne, il pleut, il faut tuer le temps, vous prenez un livre, le premier livre venu, vous vous mettez à lire ce livre comme vous liriez le journal officiel de la préfecture ou la feuille d’affiches du chef-lieu, pensant à autre chose, distrait, un peu bâillant. Tout à coup vous vous sentez saisi, votre pensée semble ne plus être à vous, votre distraction s’est dissipée, une sorte d’absorption, presque une sujétion, lui succède, vous n’êtes plus maître de vous lever et de vous en aller. Quelqu’un vous tient. Qui donc ? ce livre. 

Un livre est quelqu’un. Ne vous y fiez pas. 

Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l’une dans l’autre, pivotent l’une sur l’autre, se dévident, se nouent, s’accouplent, travaillent. Telle ligne mord, telle ligne serre et presse, telle ligne entraîne, telle ligne subjugue. Les idées sont un rouage. Vous vous sentez tiré par le livre. Il ne vous lâchera qu’après avoir donné une façon à votre esprit. Quelquefois les lecteurs sortent du livre tout à fait transformés.

-- Victor Hugo, « Du génie », Proses philosophiques de 1860-65

Voix intérieures

Puisqu'ici-bas toute âme
Donne à quelqu'un
Sa musique, sa flamme,
Ou son parfum;

Puisqu'ici toute chose
Donne toujours
Son épine ou sa rose
A ses amours;

Puisqu'avril donne aux chênes
Un bruit charmant;
Que la nuit donne aux peines
L'oubli dormant;

Puisque l'air à la branche
Donne l'oiseau;
Que l'aube à la pervenche
Donne un peu d'eau;

Puisque, lorsqu'elle arrive
S'y reposer,
L'onde amère à la rive
Donne un baiser;

Je te donne à cette heure,
Penché sur toi,
La chose la meilleure
Que j'ai en moi!

Reçois donc ma pensée,
Triste d'ailleurs,
Qui, comme une rosée,
T'arrive en pleurs!

Reçois mes voeux sans nombre,
O mes amours!
Reçois la flamme ou l'ombre
De tous mes jours!

Mes transports pleins d'ivresses,
Pur de soupçons,
Et toutes les caresses
De mes chansons!

Mon esprit qui sans voile
Vogue au hasard,
Et qui n'a pour étoile
Que ton regard!

Ma muse, que les heures
Bercent rêvant,
Qui, pleurant quand tu pleures,
Pleure souvent!

Reçois, mon bien céleste,
O ma beauté,
Mon coeur, dont rien ne reste,
L'amour ôté!

-- Victor Hugo, Les Voix intérieures, 19 mai 1837